Il y a, parfois, des moments suspendus où tout semble à sa place.
On ne les provoque pas. On les reconnaît.
Un courant d’air, un rai de lumière, une chaise déplacée presque au hasard… et soudain, tout s’accorde.
Le corps se détend. La pensée ralentit. On respire autrement.
Quelque chose en soi dit : c’est juste.

C’est cela, l’harmonie.
Pas un ordre figé. Pas une perfection glacée.
Mais une sorte d’évidence douce, une fluidité retrouvée.
Elle peut naître d’un silence, d’un vide, ou d’un plein justement composé.
Parfois, elle demande qu’on allège.
D’autres fois, qu’on ajoute.
Une touche. Une nuance. Une présence.

L’harmonie n’est pas toujours belle au sens classique.
Elle est vraie. Elle est sincère.
Elle épouse les êtres, elle reflète leur souffle.
Elle est délicate comme une confidence, et forte comme une intuition fulgurante.

J’ai vu des murs blancs devenir bavards sous un voile de couleur.
J’ai vu un canapé prendre la forme d’un rêve longtemps retenu.
J’ai vu des enfants s’épanouir quand leur maison s’ouvrait à la poésie.
Mais je n’ai jamais appliqué de recette.
Je n’ai jamais reproduit.
J’ai écouté, regardé, ressenti.

Chaque lieu a sa mémoire. Chaque être a son rythme.
L’harmonie ne s’impose pas à eux. Elle se compose avec eux.
Et c’est là, dans cette danse subtile entre l’invisible et le concret, que je me tiens.
Présente. Disponible. Reliée.

J’ai compris que l’harmonie n’était pas une fin à atteindre,
mais un état à laisser émerger.
Un souffle à accompagner.
Elle se cultive. Elle se protège. Elle s’aime.

Et quand elle est là, pleinement,
tout devient possible.

Angélique